– Sébastien, réveille-toi ! Sébastien !!! C’est ton premier jour d’école et tu veux vraiment arriver en retard ?!
Tous les murs tremblaient à cause des cris de la mère de Sébastien.
– Sébastien, c’est la dernière fois que je t’appelle. Lève-toi !
Mais Sébastien dormait jusqu’à ce qu’il entende le dernier appel de sa mère déjà en colère.
– D’accord maman, je me lève…
Il était un de ces enfants calmes, silencieux et toujours prudents qui parlaient seulement quand quelqu’un leur demandait quelque chose. Mais il était si intelligent et plein d’idées pour un enfant de 7 ans. Physiquement, il était plus petit que les autres enfants de son âge. Ses yeux étaient bleus comme le ciel avec un regard toujours profond, et ses joues rougissaient tout le temps car il était assez timide.
Peut-être qu’il était comme ça car son père l’avait quitté à l’âge de 3 ans, peut-être car il n’avait aucun ami ou même peut-être car il avait déménagé récemment.
Il s’est habillé très vite et après avoir mangé, il s’est précipité hors de la maison, voulant arriver à l’école le plus tôt possible.
– J’espère qu’aujourd’hui je vais rencontrer beaucoup d’autres enfants ou mieux – mon nouveau meilleur ami !
Devant l’école, il y avait beaucoup de monde car tous les parents étaient venus accompagner leurs enfants. Tant de pleurs, mais aussi tant de rires pouvaient être entendus. Sébastien a dit au revoir à sa mère et il est parti prendre sa place dans une grande salle décorée particulièrement pour la réception des nouveaux élèves. Comme il était assez timide, il s’est assis dans un coin de cette grande salle en regardant tous les visages des autres qui étaient confus et un peu effrayés. Les enseignants les ont accueillis avec beaucoup de joie, beaucoup d’empathie. Après une heure, les élèves commençaient à se sentir détendus et à se parler entre eux.
Le meilleur moyen d’amuser les enfants, c’est toujours de leur donner des jouets, un ballon – c’est exactement ainsi que ce premier jour d’école s’est déroulé. Plusieurs garçons ont trouvé le ballon et ont commencé à jouer au foot. Sébastien a fait partie de l’équipe qui a gagné, il a marqué le plus de buts. Toutes les filles le regardaient et lui souriaient. “Quelle journée !” pensait-il en sortant de l’école avec un grand sourire. Juliette, sa mère, l’attendait devant la voiture et quand elle a vu son visage souriant et content, elle a commencé à pleurer. Le reste de la journée a passé très vite alors qu’ils parlaient de leurs expériences. Le lendemain, tout s’est passé encore mieux, Sébastien a réussi à trouver ses deux nouveaux meilleurs amis : Laura, une fille timide mais toujours souriante et Pierre avec qui il partageait le dernier banc. Ces trois amis sont vite devenus inséparables, ils allaient ensemble à l’école et s’intéressaient aux mêmes matières comme la géographie ou la biodiversité parce que pour eux, ce qui était le plus important était leur environnement, la nature avec sa flore et sa faune.
Peu à peu, leur intérêt pour l’environnement est devenu sérieux et ils étaient pleins d’idées pour aménager et protéger l’espace autour de l’école. Chaque jour, une nouvelle idée apparaissait car tout leur semblait beau. Une de ces idées était de planter des fleurs dans le jardin de l’école.
Les enseignants ont bien aimé toutes leurs idées et bientôt, tous ensemble, ils étaient prêts à conquérir le monde avec leur désir d’agir et rendre la société plus belle. Le jardin est devenu plus riche, le petit parc où les enfants jouaient était propre et avait même plusieurs poubelles. L’innocence et la joie de Sébastien ont fait de lui un enfant aimable et bien accepté partout où il était. Juliette était consciente de cela. Mais elle était inquiète car son travail ne lui permettait pas de rester dans une ville plus d’un an. Elle était une très bonne architecte de 33 ans qui travaillait pour une entreprise de construction britannique, donc chaque nouveau projet nécessitait un déménagement.
Ce mode de vie lui convenait mais après la naissance de Sébastien, il devenait plus compliqué. Elle faisait de son mieux pour rendre son fils heureux, c’était son principal objectif, mais comme elle était toute seule sans aide de la part du père de Sébastien, parfois elle avait l’impression d’échouer.
Après 6 mois dans le petit village, Juliette a prononcé la phrase que son fils connaissait bien :
– Bientôt il sera l’heure de partir à nouveau, tu sais que c’est à cause de mon travail, nous n’avons pas vraiment le choix.
Même s’il était encore un enfant, chaque fois qu’il entendait cette phrase, il savait qu’une partie de lui resterait dans cet endroit, cette ville ou ce village où ils étaient.
Heureusement la nouvelle destination n’était pas loin mais il fallait déménager et dire au revoir aux nouveaux amis.
La mère savait que cela ne serait pas facile pour son petit enfant et son sourire avait complètement disparu de son visage depuis des jours.
– Pourquoi tu es triste maman ? Lui a demandé Sébastien quand sa mère l’a embrassé pour lui souhaiter bonne nuit.
– C’est la quatrième fois qu’on doit déménager, je peux voir que tu aimes bien ce village. Et de plus tu as déjà beaucoup d’amis…
– Ne t’inquiète pas maman, bientôt j’en aurai encore plus, tu verras !
La mère a pris son fils dans ses bras. Des larmes coulaient sur son visage souriant.
L’autrice
Illustration : Božidar Gazdić
Crédits musique : The Last Round Didn’t Last, by Jim Rooster ; Add a Line, by Derek Clegg ; Lasonothèque.org
Montage audio : Marion Roussey