On dit que du berceau à la tombe, ce sont les années d’école qui sont les plus belles. Avons-nous vraiment que de beaux souvenirs de cette période ? Hier, j’ai rencontré Nathalie, une fille qui a toujours eu une énergie positive et dont le sourire a le pouvoir d’embellir la plus sombre des journées. C’est la première fois que je la voyais triste ; la tête baissée, elle marchait désespérée. J’ai décidé de m’approcher d’elle, Nathalie m’a avoué être victime de harcèlement depuis longtemps et que cela l’empêchait de se montrer sous son réel jour, de montrer ce qu’elle valait aux yeux du monde.
En marchant dans la rue, Nathalie m’a dit qu’il n’y avait pas d’autre sentiment que celui de la tristesse en elle, elle avait entendu des ragots qui circulaient sur elle dans les couloirs, certains la pointaient du doigt, d’autres lui faisaient des croche-pieds, mais il lui arrivait des choses bien plus monstrueuses. Son apparence physique était la source de ces insultes, mais l’insulte de trop était venue de son professeur et elle avait tué le peu d’espoir qui restait en elle.
Le harcèlement dont cette fille est victime est violent, ses grandes passions sont le français ainsi que le théâtre, elle m’a dit beaucoup aimer les activités extrascolaires. Quand elle est montée sur scène, ses détracteurs ont commencé à scander « tu es laide », « tu ne réussiras jamais », « tout ce que tu fais n’en vaut pas la peine ». J’ai assisté à tout cela et ça m’a blessé de ne pouvoir rien y faire, j’étais étonnée de voir à quel point les gens ne se souciaient pas des émotions des autres et le temps qu’ils passaient à déverser leur haine.
J’ai par la suite perdu toute trace de Nathalie, aucune nouvelle, j’ai juste entendu dire qu’elle n’était plus une élève régulière. J’ai essayé de la joindre à plusieurs reprises, mais le numéro avait été désactivé et je n’en savais pas plus sur sa famille, mis à part le fait qu’elle avait perdu son père très jeune. Un an plus tard, je marchais dans la rue sous une pluie battante tout en écoutant une chanson qui suscitait en moi des émotions positives, et c’est là que quelqu’un m’a interpellée, je me suis retournée et j’ai vu Nathalie sous un nouveau jour, elle avait le sourire aux lèvres, elle rayonnait au beau milieu de cette pluie. Je lui ai demandé où elle était passée pendant tout ce temps, elle m’a invitée dans un petit café et m’a raconté qu’elle allait à Paris la semaine prochaine pour enfin vivre ses rêves.
Nous savions tous ce que Paris signifiait à ses yeux et son amour pour la langue française. Elle m’a dit qu’elle avait reçu une bourse d’études pour la Sorbonne. Elle a longtemps lutté avec ses démons et avait peiné à retrouver l’estime qu’elle avait perdue à cause des autres. Bien qu’elle ait été blessée à plusieurs reprises et qu’elle ait sacrifié tant de choses, son but a toujours été de réaliser ses rêves pour rendre fière sa mère qui était son plus grand soutien et son père qui avait, par son départ soudain, laissé un vide que rien n’a jamais comblé.
Nathalie m’a fait ses adieux et m’a envoyé une carte postale de Paris pour m’annoncer être enfin heureuse, la tristesse faisait partie du passé et elle m’a invitée à la rejoindre. Elle m’a également remerciée et laissé une bien belle citation : « La joie de vivre est une émotion contagieuse ! » Elle a voulu me dire que le bonheur me suivrait aussi, parce que je le souhaite pour les autres. Merci Nathalie !
L’autrice
Crédits musique : Chowbiz by DIY-Note ; Lasonothèque.org
Montage audio : Marion Roussey